Méfiez vous donc un peu de tous ces grands seigneurs
Avec qui vous tentez un commerce équitable :
« Tu me vends de ton brut, toi, vois mon avionneur
Et quand tout baignera, viens t’asseoir à ma table ! »
Comme cet autre campant aux jardins d’Elysée
Montant sa toile de tente au milieu des corolles
Comme il a l’alibi, on peut tout lui passer
Même si sa vérité sort de puits de pétrole !
N’aviez-vous pas compris, que l’entrée de sa tente
S’orientait à dessin, à l’abri des rafales
Et que le tapis rouge servait à peau de balle
Il en rigole encore chez lui en sirotant sa menthe…
Vous fûtes en Russie dégustant la vodka
Avec les bateliers, remontant la Volga
Cela vous fit penser aux porte-hélicoptères
Si pratiques, selon vous, pour regagner la terre.
Et vous êtes rentré, plein de mots prometteurs
Mais de commande ferme, ce n’est qu’une rumeur !
En russe ou en français on chante la même comptine.
A relancer Moscou, c’est sûr, on rase Poutine !
Vous attendiez da da, comme au prix d’Amérique,
Espérant la commande. Il vous mène en Baltique !
Là-bas le père Noël porte sa hotte à dos
Car il n’a plus de rennes, ni dadas, nitchevo !
En voyageant en Chine, vous tentâtes le coup
Vous vous croyiez malin mais le Mao sait tout
Il fut numéro un de la longue démarche
Et trop bon timonier pour qu’avec lui ça marche.
Le soir, en aparté, tout au fond des jardins
On bavarde, sirotant la tasse de thé au jasmin
Vos partenaires se répandent en politesses exquises
Pour vous faire comprendre combien on les leur brise :
« De nombreux hommes d’affaire nous viennent d’Amérique,
A l’instar des vôtres avides de se gaver de fric.
Pour animer le jeu, on fait tourner en rond
Quand à vos financiers on les trouve peu Tycoons
Même à nos yeux, vraiment, ils forcent la mesure
Nous vendre, vos produits, ça choque notre culture.
Vos airbus c’est OK, s’ils sortent de nos usines.
Chez vous, vu la main d’œuvre, vous courrez à la ruine !
Pourquoi nous résister ? Nous sommes les moins chers !
Peugeot et Citroën et d’autres l’on comprit
Si vos chômeurs protestent, passez-les au karcher
Ou faites une remise pour véhicule détruit.
Ils ne comprennent rien à notre politique
D’acheter tout chez eux et de fermer boutique,
D’éteindre nos fourneaux, cherchant le fer ailleurs.
Chargeant nos œnologues de rendre leurs vins meilleurs
Ils hébergent nos usines pour leurs technologies
Mais ils nous bott’rons l’cul dès qu’ils auront appris.
Pour souhaiter bon voyage, c’est leur manière à eux
Et vous devez répondre « sié sié[1]», souriant, l’air heureux.
Chez eux, le président il flotte sur un nuage
Alors que chez nous, c’est aussi un fromage
Qui sort de l’étable, c’est mauvais pour l’image !
Et si, pour une fois, on souhaitait un sondage ?
Qui donc l’emporterait, de l’homme ou du caprice des dieux ?
Nos reporters trouvent l’un, par trop intransigeant.
Le produit des herbages serait l’meilleur des deux.
Qui sait, quand il le faut, se montrer plus coulant.
L’ancien, combattant.